Suite à la publication d’un article justifiant la censure de Facebook en Tunisie sur «Espacemanager.com», j’ai réagi, hier soir vers 2 heures du matin en laissant un commentaire lequel, je le reconnais, n’était pas tendre avec son auteur. Mon commentaire fut censuré et je le regrette. Et j’imagine que je ne suis pas le seul dont le commentaire fut ainsi happé. J’en parle aujourd’hui, car j’estime qu’il est toujours utile de démonter les bêtises qui font du tort au modèle de société auquel nous aspirons. Et je suis de ceux qui pensent, comme d’ailleurs je l’ai souvent dit, qu’il ne peut y avoir de démocratie ni d’Etat de droit en Tunisie si nous ne contribuons pas tous à rendre intolérable pour l’opinion publique les atteintes à ce qui constitue la substance même du modèle de société auquel nous aspirons. On peut construire des cathédrales entières de normes juridiques structurant l’Etat de droit et la démocratie. Mais toutes ces normes auront les mêmes effets que ceux sur les singes si au sein de l’opinion publique ne s’exprime pas ce fort sentiment de rejet des atteintes qu’on leur inflige.
Voici l’article signe par « L.M.H » et publié sur espacemanager.com, suivi de mon commentaire censuré par le même site.
« Facebook: 404 File Not Found »
dimanche, 31 août 2008 20:21
404 file not found ou encore HTTP 404 - fichier introuvable, ce sont les messages que nous sortent les différents browsers depuis le 24 Août 2008 à chaque fois que nous tapons l’adresse www.facebook.com.
Révolu le temps du chat classique à travers ICQ, MIRC etc., avec l’avènement de la nouvelle génération du web, nous commençons à voir défiler le web participatif et les réseaux sociaux (HI5, Myspace, Facebook etc..)
Ces derniers ont fait leurs preuves et le chef de file est désormais Facebook qui, avec 132 millions de visiteurs pour le mois de juin devient le réseau social le plus visité au monde.
En Tunisie, nous avons plus de 153.000 abonnés au réseau ADSL et si on considère que pour chaque abonnement 2 personnes se connectent nous avons là plus de 300.000 internautes qui utiliseraient internet fréquemment dont au moins le cinquième possède un compte Facebook.
Avec ce calcul d’épicier, et si mon compte est bon,
Depuis le 24 Août 2008, l’accès à ce site n’est plus possible. Certains parlent de problèmes techniques vu que Facebook s’ouvre encore sur des adresses telle que www.www.facebook.com et d’autres évoquent tout simplement le blocage du site en d’autres termes la censure.
Supposons que ce soit bel et bien de la censure; Un site aussi populaire que Facebook, qui mobilise autant d’internautes tunisiens représente une aubaine pour des personnes malintentionnées afin d’essayer de manipuler des concitoyens et de répandre des mensonges, calomnie et autres injures.
Certains diront que ce n’est pas une raison pour bloquer l’accès à un site arguant que les tunisiens sont responsables et discernent le bien du mal.
il ne s’agit pas ici de trouver des excuses ou des circonstances atténuantes au “blocage” du site (encore faut il rappeler que ce n’est pas sûr que le site ait été fermé intentionnellement) mais il faut reconnaître qu’en laissant les choses comme elles sont, nous risquons de tomber dans une banalisation dangereuse de la calomnie et qui n’a rien à voir avec la liberté d’expression.
Si Facebook a été censuré c’est donc explicable mais certains se demandent s’il n’aurait pas été mieux de laisser ces pseudo opposants parler pour mieux les démasquer ?
Enfin, pour que les choses soient claires, nous ne devons pas oublier que
L.M.H
Mon commentaire censuré :
Si la démocratie a encore du chemin à faire, c’est principalement dû aux discours affligeants de certains qui se contorsionnent pour justifier l’injustifiable. Si la démocratie tunisienne peine à avancer, si la liberté d’expression est tant malmenée, ce n’est pas uniquement dû à la responsabilité des gouvernants actuels. C’est surtout la tolérance des “pseudo journalistes” à l’égard de la violation de la loi tunisienne. Ce qui est scandaleux, ce n’est pas tant la censure, mais plutôt cette tolérance de certains, souvent par vénalité, vis-à-vis de l’empiétement sur ce qui relève de la seule compétence des tribunaux.
Personne ne clame l’impunité de la diffamation ni d’ailleurs celle des agressions verbales via les supports online. Mais leur constat relève de la seule compétence des tribunaux, et non de celle d’un technocrate. Quand un chauffard commet une grave infraction, on ne confisque pas les voitures des autres citoyens, ni n’inflige des sanctions collectives. Seul ce chauffard est déféré devant les tribunaux.
Il eut été tellement plus profitable à tous, que l’auteur de ce papier s’interrogeât sur la procédure suivie, la qualité de la personne et en vertu de quelle disposition légale s’est-elle permis de décapiter Facebook en Tunisie. Mais non… ça lui semble tellement normal, voire “explicable” qu’une obscure autorité, d’un obscur endroit appuis clandestinement sur un bouton et bâillonne qui elle veut.
“
Astrubal
[Fin du commentaire censuré]
Ainsi, moi qui croyais avoir été si modéré en réagissant à l’article, au point de m’être abstenu de commenter sa phrase la plus lamentable ; en l’occurrence celle qui assène « Si Facebook a été censuré c’est donc explicable mais certains se demandent s’il n’aurait pas été mieux de laisser ces pseudo opposants parler pour mieux les démasquer ? ».
J’avais considéré que c’était trop facile de s’en prendre à la culture civique de l’auteur qui en toute méconnaissance de nos institutions s’est mis à croire qu’être opposant est une tare et que l’opposition ne peut-être qu’un mal. Voilà en effet un citoyen, sous couvert d’une démarche citoyenne traitant de la censure, se permet d’un trait de plume de faire voler en éclat ce statut de l’opposition que
Astrubal, le 1 septembre 2008
http://astrubal.nawaat.org
www.nawaat.org
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